jeudi 27 décembre 2007

2007, parlons-en


TOP 11 ELECTRO TRACKS

Cette année, je n'ai pas entendu de vrai tube comme j'aime, à savoir un truc définitif, séduisant, addictif, qu'on aime comme un fou avant de se dire qu'il nous saoule un peu alors qu'en fait on continue à se laisser avoir. En 2006, pour moi c'était à l'évidence "Who's Afraid of Detroit" de Claude VonStroke. Mais rien de tel en 2007, malheureusement. Cependant, toutefois, cela étant dit, il y a eu beaucoup de super bons morceaux malgré tout : voici donc, sans ordre particulier, les onze que j'ai retenus, avec des extraits.

XDB - Descap Live
Super track Maurizio-esque très enivrant, rugueux, impressionnant, presque flippant.

Heroin - Heroin
Allez ma Curtis on sait que c'est toi.

Break SL - Trombone

Par delà le principe de plaisir, avec des cuivres de synthèse.

Onur Ozer - Allegro Energico

Par delà le principe de plaisir, aussi avec des cuivres de synthèse mais plus housey. Son LP est bien même si je l'ai écouté qu'une fois.

SidLerock - Naked (DJ Koze remix)
Je suis dévoué à la Koze de ce remix uplfting un peu compliqué mais fort sensuel.

DJ Koze - All the Time
Là c'est la moiteur totale, doublée d'un effroi qui fige le désir tout proche d'être exprimé par les pores. Grisant, et sorti sur Philpot comme le Break SL. Et écoutable via le même lien qu'au dessus.

Danton Eeprom - Confessions of an English Opium Eater
Vraie basse rock (le genre de truc d'habitude rédhibitoire pour moi, le fils adoptif de Mother Africa) qui impose une fascinante inexpressivité, tout ça dans un climat de fadeur immersive, avec quelque chose d'a-spectaculaire qui a tout pour me séduire en ce moment, et puis c'est rare d'avoir un track de 15 minutes dont on se dit qu'il est trop court.

Joakim - Drum Traxx
Magnifique, voire héroïque, et de toute façon les morceaux à tempo capricieux jouiront toujours de mes faveurs.

Smith & Hack - Space Warrior
Rien à dire de spécial, Smith & Hack sont toujours un peu au dessus de tout le monde non?

Chris Moss Acid - Acid Buddy
Découvert il y a trois jours, quelle générosité, quelles harmonies pleines de fougue et d'assurance juvénile, quelle stimulante fragilité dans ces rythmiques! Hyper Detroit avec des nappes et Chicago du côté des charleys, mais pas trop rétrorelou sérieux pour autant, au contraire c'est assez capricieux (bis), un peu fou même. Sorti sur Mathematics, le label où il y a aussi Adonis et surtout Hieroglyphic Being, dont je compte vite vous parler.

Issakidis - Explicit

Un bon forage acid un petit peu lent, bien vicieux, on en redemande. Ça sort début janvier mais c'est joué et entendu depuis un an, voire deux. L'extrait arrive vite.

jeudi 20 décembre 2007

Saint-Rémy d'Initial Cuts : deep house et deep techno set



C'est quand même dingue la bonne musique, ça donne la foi en la life, on a envie d'aiguiser ses perceptions, ça active la fonction espoir en la sensibilité. Mais donc :



On a beau parler d’un soi-disant retour de la deepness dans la dance music actuelle, je n’en étais personnellement pas trop convaincu jusqu’à ce que Saint-Rémy, un des deux patrons du label Initial Cuts, vienne enregistrer ce set dans le studio de Campus Paris la semaine dernière. Deep, ça ne veut pas seulement dire "profond" (même si l’adjectif sied parfaitement au regard bleu de notre invité, voir photo), mais aussi "troublé", "ambigu", mélancolique et serein à la fois, souvent à la lisière du neutre et de l’impersonnel, mais jamais vraiment fade. Les grooves sont discrets mais toujours délicieux à palper. Je n’en dirais pas plus, les oreilles raffinées sauront reconnaître la volupté négative de cette magistrale heure de mix. Big up à Saint-Rémy, un homme visiblement généreux et intelligent, ainsi qu'à son cousin, sans les recommandations duquel tout cela ne serait certainement jamais arrivé (putain c’est quand même pas évident comme langue le français).

Saint-Rémy : WRCP Show (15.12.07)

Très vite, d'autres choses intéressantes.

mercredi 12 décembre 2007

Glass Guillotine : növo-yéyé


Adam, alias Glass Guillotine, collectionne entre autres choses les disques électropop francophones fin 70/début 80. On connaît généralement Taxi Girl et quelques autres choses, mais le reste est souvent oublié, pour ne pas dire quasiment mort-né. "Növoyéyé", le terme suggéré par Adam, sied très bien à cette musique juvénile et insouciante en première intention, mais qui tombe finalement très vite dans la neurathénie la plus grisâtre, en dépit de cette relative frénésie rythmique qu’elle cultive souvent. On a du mal à croire qu’une scène musicale aussi singulière ait ainsi existé en France, qu’un mouvement d’ici ait su aussi simplement digérer les influences extérieures (punk-funk, hi-NRG, synth-pop, etc.) et et qu'il ait joui d’une liberté de produire si réelle et si justement exploitée. Cette heure de sélection donne donc à entendre une couleur musicale proprement francophone, propre à la charnière 70/80 : synthés en plexiglas plus très transparent, guitares irritantes, chants féminins d’une perçante maladresse, structures précipitées et capricieuses, on pourrait en dire tellement. Mais en résumé : une sorte de post-punk qui aurait désespérement voulu sonner comme de la pop, des tableaux de dépression urbaine aux couleurs fluorescentes passées en quelques minutes. Merci mille fois Adam!

Mix en podcast ou en streaming sur le site de Campus Paris ou sinon direct via zshare

Tracklisting :

DU TWIST ET DES LARMES
Stephan Eicher - MiniMiniMiniMinijupe
Polyphonic Size - Mother’s little helper
Braque - Jeanette
Plastic Bertrand - La star de l’école (Baby Doll)
Max Arto - Danger
Les Amants - Le rouge et le noir
The Names - Spectators of life
Tokow Boys - Petite rockette
Arto - Kwaï system
Muriel - Cœur à l’index
Elisa Point - Clapotis-clapotas
Mathématiques modernes - A+B=C
Polyphonic Size - Mode
Die Doraus und die Marinas - Tulpen und Narzissen
Artefact - Rendez-vous à Venuxity
Dave Vorhaus - Three O
Tina et les Fairlanes - Un été sur la plage
Les Désaxés - Teenagers électriques
Lio - J’obtiens toujours tout ce que je veux
Bisou - Marre d’aimer
Elli & Jacno - Toujours les souvenirs
Clap machine - Troublez-moi ce soir

Gemini circa 94-95, Chicago.



Mes camarades Koyote et Goon jouent un terrible morceau de lui sur leur récent podcast pour Resident Advisor (lequel podcast déclenche d'ailleurs des réactions assez marrantes de la part du public un peu "psychorigide de la minimale" qui traîne sur le forum du site) : vers 94-95, Spencer Kincy, aka Gemini, était ce qu'on pourrait appeller un "auteur" house fou (matez ses yeux et sa bouche, je sais que c'est la photo qui fait ça mais quand même), un producteur au son à la fois psychédélique et martial, plein de failles mais super entêtant, un peu bad boy avec un côté pédale freaky à grosse barbe, bref quelque chose d'extrêmement singulier, surtout en comparaison à ce que faisaient ses collègues du label chicagoan Relief : je parle de mecs genre Sneak, Gene Farris, Paul Johnson et autres Boo Williams, en gros des gars avec une approche très "tracky" de la dance music, souvent super efficace mais parfois trop générique, il faut bien le reconnaître.

Mais pas de panique, ça ne veut pas dire non plus qu'on est dans l'expérimental relou avec des beats qui font mine de partir mais en fait non parce qu'on décidé de déconstruire le beat ou je ne sais quoi: Spencer Kincy sait qu'il doit parler aux corps, les déclencher, les intensifier. Les faire paniquer même, les rendre dingos, comme en témoigne le titre ci-dessous, une version différente (mais sur la même face de maxi, avec exactement le même titre : pourquoi?) de celui qui figure dans le podcast de K&G et qui donne une bonne idée de l'espèce d'incohérence formelle et sonore qui fait la marque de fabrique de ce cher Gemini. Si d'autres gens entendent du français dans le sample de voix, ils seraient sympas de me le signaler. Et si vous pouvez rafraîchir ma mémoire avinée au niveau de par rapport à un autre sample, ces cordes stridentes là, c'est ESG, Liquid Liquid, je sais plus.




Gemini - For the Crazy (2)

Si je respecte autant Gemini, c'est aussi parce qu'il sait que rien de tel qu'une bonne trompette jouée au synthé (je prépare d'ailleurs un post sur ce thème si riche) pour faire tomber les danseurs sous son joug, avec une ligne de basse qui ne laisse pas la choix et un sample bienveillant quoique un peu fantomatique de Nina Simone. Toujours le goût des moods contrastés, des éléments qui tournent pas tout à fait à la même vitesse, des assemblages un peu hasardeux, genre "ça va jamais tenir ensemble mais bon on sait jamais". J'adore cette esthétique du "on essaie quand même", c'est touchant et héroïque en même temps, surtout quand ça marche aussi bien. Alors que ça devrait s'écrouler, finalement ça se tient, un peu comme pas mal de tracks de Swizz Beatz, dans un autre style.




Gemini - U Know How I Feel


"French Kiss" est une grosse référence pour Gemini, j'ai même envie de dire qu'il a carrément scotché dessus, il en reprend l'hynotique basse sur plusieurs morceaux, mais dans celui-ci il varie et développe son projet de plagiat indirect en reprenant la fameuse descente de tempo de l'original. Sauf que là, il accélère plus qu'il ne ralentit, et en plus il le fait tout au long des quatre minutes. Je crois qu'on peut parler de house "expérimentale" à condition que l'adjectif ne soit rien d'autre qu'une manière polie de dire "druggy".

Gemini - Your Place or Mine

Pour les gens aux goûts plus standardisés, moins audacieux, je mets ce track plus disco filtrée et cuttée sorti sur Cajual, mais somme toute très charmant, avec tout de même une touche un peu zarbi et absurde, cette ligne de basse en retrait mais néamoins pleine de bonhomie.




Spencer Kincy - Don't Stop

Je connais beaucoup moins la suite de sa carrière, mais ce que j'en ai entendu m'a paru vachement plus propre, plus rond, moins anormal, même si ça reste quand même relativement "tipar" – ce n'est d'ailleurs pas pour rien s'il a fait des choses sur Classic, le label monté en Grande-Bretagne par son compatriote Derrick Carter et Luke Solomon, qui allait ensuite lancer Music For Freaks. En tous cas je vous invite à écouter à peu près tout ce qu'il a fait dans les deux années abordées par ce post, et je me dis d'ailleurs que je vais en faire un deuxième histoire que vous saisissiez bien l'enjeu.

mardi 11 décembre 2007

Donc voilà le mix de Gilb'R

Hey hey hey comment ça speedos hein vous êtes comme des dingos là. Il suffit d'aller sur le site de Campus Paris, section émissions, rubrique WRCP. Là vous pourrez soit vous abandonner à vous abonner, soit l'écouter en streaming.

Arrivent bientôt la sélection novö-yéyé de Glass Guillotine, le dernier mix de Zaltan et Top Secret, l'excellent set très "Boulevard des Hits" de Tacteel. Plus d'autres trucs, évidemment.

JE VAIS TOUT VOUS EXPLIQUER, ÇA VA ÊTRE LIMPIDE



Bien, comme vous avez été nombreux (3) à me le faire remarquer, ce blog est un peu en arrière de la main, il n’avance pas, reste en jachère, procrastine et risque de se faire oublier avant même d’avoir commencé à faire parler de lui – et ce serait vraiment la honte, l’amertume complète, comme se prendre un gros vent avant même d’avoir accosté une fille.

J’ai donc décidé de m’y remettre une bonne fois pour toutes, en uploadant régulièrement les mixes de nos résidents et invités (ce samedi à 22h ce sera Saint-Rémy du label Initial Cuts, juste avant le résident « diversité », Mikhail, à 23h) et en ajoutant ceux qui sont passés sur l’antenne du WRCP depuis septembre – et il y en eu pas mal depuis le temps, mais il faut me comprendre, maintenant que je suis si bien inséré professionnellement, ce n’est pas hyper évident pour moi de replonger comme ça dans le grand bain de l’improductivité et de la non-gestion de temps. Car avant j'étais comme eux :



Mais comme ça me saoule un peu de me contenter de poster des sets agrémentés d’une prose au ton pseudo-distant et de quelques bons mots que je ne comprends pas toujours moi-même, j’ai également l’intention de poster des mp3 et d’en parler, de théoriser un peu sur la musique – en l’occurrence, sur celle qui me parle le plus et que je connais le mieux, donc pour commencer ça va surtout être « classic » house et techno, disco/boogie, IDM 90s et rap avec des synthés, mais vite plein d’autres choses j’espère. A l’occasion, je vous parlerai de ma vie, une existence assez standardisée dans l’absolu mais qui a tendance, pour je ne sais quelle raison, a devenir tout bonnement pa-ssio-nante quand je me mets à la raconter. Il faudra aussi que je parle sérieusement de bouffe, de télé, de presse, de philo, de psycho, d’habits, d’argent, et que je prenne des photos.

On commence tout de suite (au dessus, donc) avec la dernière résidence WRCP de Gilb’R, puis un post sur Gemini, producteur house du Chicago 90s qui ne laisse pas de me fasciner.