mardi 22 juillet 2008

Encre acide


Wolfgang Voigt sort plein de disques depuis les années 90, sous plein de pseudos différents, et dans plein de genres et de sous-genres, et il arrive le plus souvent à faire des bons morceaux. Son petit frère s'appelle Reinhard Voigt, producteur techno notamment connu sous le nom de Pentax et membre de Forever Sweet. Comme le faisait remarquer quelqu'un sur I Love Music, les deux garçons n'ont aucun air de famille : Wolfgang a le visage en lame de couteau et le regard perçant d'un entrepreneur de la nouvelle économie (une manière de dire gentiment qu'il approche la quarantaine, voire qu'il l'a déjà dépassée, je ne sais pas), tandis que Reinhardt a cet air cool et stone des jeunes beaux gosses d'Europe du Nord, le genre DJ de techno branchée – ce qu'il est justement, ça tombe bien – ou graphiste de catalogues d'art contemporain.

Bref, tout ça pour dire qu'ont été récemment réédités en coffret les albums d'un des plus "célèbres" pseudos de Wolfgang, je veux parler de Gas, un sublime projet de techno organique sous hypnose, fait de samples de musique germanique du XIXème siècle et de climats Fôret Noire iluminés par des éclairs romantiques tout aussi germaniques. Mais comme je sens déjà que certains d'entre vous s'endorment à l'évocation de ces références fort peu fun et on ne peut plus old school, je vais tout d'abord commencer cette mini-rétrospective WV en postant deux tracks réalisés sous un alias nettement moins noble, à savoir celui de Mike Ink. Il s'agit là d'acid house entêtante, avec des sons craquants bien comme il faut, le genre de track à servir sur n'importe quel dancefloor, à la fois dark et distrayant, martial et fantasque, qui résume bien l'état d'esprit de cette jeune et informelle avant-garde allemande (ne me demandez pas trop ce que j'entends par là, j'ai juste essayé de trouver la formule qui fasse le moins nazi possible).

Mike Ink - Dadajack

Mike Ink - A.S.V.

Ces deux tracks sont issus d'un EP sorti en 94 sur le label ancêtre de Kompakt (que Voigt aîné codirige avec Michael Mayer), Profan. Dans le prochain post sur Wolfgang, ce sera encore plus l'éclate, avec des samples des mélancoliques yuppies de Prefab Sprout. Mais ensuite, dans le post d'après, on arrêtera de rigoler, parce qu'il faut devenir adultes maintenant, les mecs.

dimanche 20 juillet 2008

Méninges Heat



Salut, et désolé pour ce long silence mais là, pour le coup, je n’y suis pour rien : j’ai chopé fin mai une sorte de méningite fulgurante appelée purpura fulminans, dont je ne me suis remis que très récemment. Je vous passe les détails mais je l’ai vraiment échappé belle. Un peu plus et je terminais comme le personnage situé au centre de l'illustration ci-dessus. Heureusement, tout s'est miraculeusement arrangé et aujourd'hui je suis en pleine rééducation musculaire ; bientôt, mes bras seront semblables à ceux du jeune homme ci-dessous.



Bref, je suis de retour et la galerie WRCP rouvre donc ses portes, vous proposant une sélection de dance music au top, tantôt infantile, tantôt dépressive, et surtout aussi perverse polymorphe que possible, sinon tout le monde s’emmerderait bien vite.

Par ailleurs, après une saison largement placée sous le signe du n’importe quoi (surtout les derniers mois), l’émission WRCP va reprendre l'antenne de Campus Paris à la rentrée sur des bases saines, notamment grâce à l’arrivée (et/ou le retour) à mes côtés de personnalités radiophoniques de premier plan, et ce, afin d'animer une « vraie » émission avant les mixes, avec invités et numéros spéciaux. Préparez vous également à une refonte quasi-totale du contingent des DJ résidents. Je ne vous révélerai à ce sujet qu’une info pour le moment, et c’est une très bonne nouvelle : il s'agit du départ tant espéré de Koyote et Goon. Enfin ! En revanche, ne rêvez pas, Samuel Aubert ne reviendra JAMAIS, il est dans le showbiz maintenant. Mais bref, place aux jeunes, comme on dit au Parti Socialiste. LOL.

Voilà, je suis content d'écrire ce post de retour, ça me fait plaisir de m'exprimer, surtout que ça ne fait que commencer, j'ai pas mal de choses bien en stock à mettre en ligne ici.

PS : mélomanes consuméristes, rassurez-vous, les posts avec des mp3 arrivent "de suite".

lundi 19 mai 2008

Acid garage

Si on me demandait de définir mon micro-genre de musique favori, je répondrais sans doute le garage acid, ou disons ces morceaux vocaux accompagnés de Roland TB303. Un des exemples les plus fameux a vu le jour fin 2006, il s'agissait de "The Sun Can't Compare" méga-tube du global clubbing signé Larry Heard avec Mr White au chant. Un tube universel sobre, hypnotique, vicieux, avec des charleys et des claps complètement indécents. Tel Saint-Sébastien, Mr White y semblait transpercé par les flèches, des fléchettes acid, dans son cas, et n'avait même pas le force de dire qu'il souffrait : seule cette voix fluette et blessée sortait de sa bouche.



Dans cette même veine, je vous propose un morceau sur le SIDA (rires). Plus concrètement, il s'agit d'une chanson sur les séropositifs qui contaminent sciemment leurs partenaires. Ça arrive, c'est la vie, ou plutôt c'est la mort, mais en tous cas voici un track oppressant, qui plaque son groove avec morgue, sans que rien ne puisse l'arrêter. Le mal est fait, on ne peut pas arranger ça. Et parfois c'est sain de le dire, ça fait presque du bien. Et puis ça donne un morceau exceptionnel de tension, qui se termine par des voix cuttées proprement sublimes quoique désespérées.

PHUTURE - GOT THE BUG (1988)

Nos coeurs ne vont pas pour autant plonger dans l'affliction, car l'acid garage connaît toutes les couleurs de la vie. En l'occurrence, celles chantées par Ten City sur leur classique "That's the Way Love Is", ici en version acid, flamboyante et pleine d'espoir. Le passage "houle d'émotion", j'espère d'ailleurs que vous m'en direz des nouvelles. Plus, on a là aussi des voix cuttées, mais évidemment cette fois-ci elles sonnent beaucoup plus uplifiting. J'espère que ça va vous remonter le moral.

TEN CITY - "THAT'S THE WAY LOVE IS (EXTENDED ACID MIX BY STEVE SILK HURLEY)" (1989)



Vous noterez la très camp mini-afro asymétrique de Byron Stingily, au centre. C'est lui le lead chanteur, au cas où vous ne le saviez pas.

PS : ne me demandez pas pourquoi il y a ce problème de taille de police, je n'en sais rien.

jeudi 15 mai 2008

Pour toi Antoine le Romanesque


La tension règne sur Paris : Benjamin de Nouvelle Star, en bon enfant de la génération Jonasz/Jazz Mag, fait n'importe quoi avec Justice et le jury lui dit que c'est top groove, Robert Rauschenberg meurt, les ordres du jour du CA de Campus Paris se font toujours plus grisants, Out One pense qu'il y a 10 millions d'habitants en France, et au restau japonais ma belle-mère demande à la serveuse peu francophone si les calamars sont cuits "à la plancha".

Pour sortir de tout ça, que faire? Faire appel aux service de la HOUSE MUSIC. Oui, je pense qu'il faut s'élever. Pas forcément vers le Seigneur lui-même, mais juste chanter ensemble pour former une voix unique qui aille résonner de force dans les i-Pods de la génération plexiglass. Réunir une bonne fois pour toutes ces âmes vitrifiées, grâce à la house divine de Roman Anthony, homologue noir et américain de, vous l'aurez deviné, Antoine le Romanesque aka Telefuss.

ROMANTHONY - BRING U UP (1995)



Engineer : GOD

Chef-d'oeuvre total de construction et de feeling avec son beat ultra définitif, sa basse sobrement pute, ses claviers qui accompagnent littéralement la montée vers les cieux et, last but not least, l'irrésistible dialogue entre les voix solo et le choeur, ce track ne rend pas croyant mais il donne super envie de pratiquer, d'aller dans ces temples baptistes à l'arrache où se sont installés les Noirs protestants d'Île-de-France, qui ne sentaient pas hyper à l'aise dans les temples "officiels", où j'imagine que bon, on balance pas de la grosse house du New Jersey sur des sermons de Calvin (sauf ton respect, Jean). D'ailleurs j'ai lu qu'aux Etats-Unis la plupart des gens se disaient pratiquants (genre 96% de la population) alors que beaucoup, mais beaucoup moins se disaient clairement croyants. Les gens changent de culte quand ils déménagent, genre parce que le pasteur baptiste du coin a plus de flow que le prêtre catholique. C'est pas si mal, quand on y réfléchit. Ah, les States, toujours une longueur d'avance décidément!


Juste histoire de le signaler, il existe une version beaucoup plus connue de "Bring U Up" sur je ne sais plus quelle compilation (Respect? Glasgow Underground?), mais bref je la trouve 50 fois moins bien, ça sonne comme du Prince en mode comme j'aime pas, surproduit, funky sursignifié, je dis non.

A très vite !

;-)

vendredi 9 mai 2008

Bab Lee - Tropical Mix (Sous les Cocotiers)




Three or four years ago, my best friend _____ took me and my girlfriend to this small squat place set up by Ivorian people on the east side of Paris (near Colonel-Fabien plaza, for those who know). We ate some brochettes and drank some cheap Heinekens. The «coupé-décalé» music they played was cool but maybe a bit too traditional for me, until I heard this uber-fantastic tune, cheesy-synth-driven and full of those ill percussion sounds, loosely but funkily programmed . The whole structure and attitude of the track sounded pretty un-African to me : slow build-ups, rocking synth riffs, and this hypnotic techno-ish groove ! Needless to say, it completely blew my mind.

I immediately tried to find out what it was, but the guys from the squat could just tell me it came from a cassette mix sent to them by people in Abidjan. I was devastated and tried to search the Web and some Afro record shops in Paris, but to no avail (« –You know this track that does “do-da-do-da-doooo-daahh” with this chord change and these techno-like sounds ? –No, but why don’t you just buy some of the coupé-décalé compilations we have here ? »). I finally had to give up the quest, quite saddened by this lost track affair. I ended up thinking I might have dreamt it or something.

Then in december 2006, ______ came by at my place one night and casually told me that he heard the track again and found out its ID. His Ivorian friend Armand had it on a compilation CD (I should’ve listened to what this record shop clerk told me !). The track had actually been an enormous hit in Abidjan and there was a video of it on Internet.

HALLELUJAH, like Kerri Chandler said (or had it said). I was feeling overexcited, and the tune was actually even better that I remembered. A true miracle : I was DOUX JÉSUS’d up.

So here’s the graal (clean audio version coming extremely soon).

The song is called « Tropical Mix (Sous les Cocotiers) », by Baboulax Lee, or Bab Lee, and was released on France by X-Pol Music. _____ even found me the contact of the label and I quickly met its CEO, Ephrem Youkpo, but that’s another story. Anyway, Bab Lee did another track called « Samuz », which is quite similar, except a bit more standard sounding, released on Uppercuts (Radioclit’s DJ Tron’s label). Since then, I discovered some other great coupé-décalé tracks that sound almost as hypnotic and strangely futuristic, like this instrumental tune by Kaysha – whose obviously coincidental title keeps fascinating me since I read it for the first time. If I have the time, I'll do a short post about this stuff, which can be really insane music-wise but also names-wise and culture-wise.

Hope you’ll enjoy this ! Roots and Future anyone ?

Oh and there's gonna be a great and funny interview of Babulax from my homie Voltask from CorporateBloggin. Coming extremely soon too. Maximum bisous to him.

And sorry for not posting for so long. I won't do it again.

vendredi 21 mars 2008

Carl Craig / Paperclip People – 1991


Oh yes Carl, come on, scream your soul out and be yourself, man. You're acting the tragic and grace-touched really, really well. Lovely orangey hues by the way, very vintage late 90s techno artwork, absolutely love it.

Paperclip People – Gypsy Man (He's a Hobo)
(Tick the case, then click on "Rapatrier" on the upper left side of the screen)

Carl Craig did this nice Crystal Waters/Basement Boys sampling track in 1991 (so that's 15 years before T.I.), as part of a cult Paperclip People 12 inch mostly known for its classic breakbeat title track, "Oscillator", arguably the tune that really got me into techno (and which I discovered listening to the greater than great "Mondial Twist" show on parisian radio station FPP). Anyway, this is marvellous, speedy and juvenile, excited and classy. Should be spun today, shouldn’t it ? Btw much love to Crystal, who's still in the business apparently :


(Crystal Waters with dancers Antoine (l) and Kevin (r))

As a bonus, for those who don’t know it, here’s "Oscillator" itself. I don't have the original version with the long intro on this computer, but I'll upload it this weekend.

Take care. Special hello to you if you're coming from DC's.

mercredi 5 mars 2008

Gherkin' Jerks [Larry Heard] - 1988-89


Needless to say Larry Heard, aka Mr Fingers, was and still is a genius producer, blah blah blah. Thing is, only a few of his fans know about his incredible Gherkin' Jerks project – among other obscure projects of his. Two strange EPs (especially the 1st one, loosely based around the "sympte" medical concept) were released under this pseudonym. Some of the tracks sound like vintage 80s Larry, deep and hypnotic, eerily soulful, kind of upliftingly bitter. But some others, as I hope you'll notice, sound pretty remote and estranged from your usual Larry material. Let's take "Acid Indigestion", for instance : far from being a deep/acid serene number in the vein of "Beyond the Clouds", it seems to be a nervous "message-track" adressing the acid flooding of the Chicago house market at that time, but it is nevertheless a wonderful, fucked up acid track. "Saturn 5" is space-dramatic in a good way, a bit early-Carl Craig-ish (think Psyche/BFC Carl more than 69/Paperclip People Carl). "Din Sync" could be a proto-filter house track, complete with anguished soulful male vocal samples. "Blast Off" is almost Detroit techno (slightly synth-saxed-out!), and it's gorgeous – rather unsurprisingly, when you're familiar with Heard's general vibe. "Strange Creatures" could be a Millsart demo. "Don't Dis the Beat" and "Midi Beats" sound like the first scientific clandestine German tests made on "what we think will be called minimal techno or micro-house [but it's top secret material for the moment so please don't tell anybody]". This is pure machine music on these two.

Anyway here are the two Gherkin Jerks EPs on a zip. Enjoy, this is good good shit, esp. the lush gherkin logo below! Sorry for the sometimes low (yet listenable, imho) sound quality.